Il fallait qu’elle sache. Elerinna devait savoir pourquoi depuis plus de 25 ans Lys était avec elle, revenu dès le départ de Tristan. Elle n’avait jamais fait un quelconque reproche à Lyssander, elle appréciait réellement sa présence, même si elle, elle savait. Il cachait un secret, elle le savait depuis toujours et même s’ils étaient proches, il n’avait jamais réellement voulu se confier et d’une certaine manière, elle avait respecté. D’une certaine manière. Ils étaient les seuls à savoir qu’Elerinna prenait un malin plaisir à jouer avec les nerfs de Lyssander, le faire expulser une certaine rage et bien évidemment, en savoir plus sur l’oreiller, comme un pardon. Des siècles de veuvage, c’est long, mais elle n’est pas une none.
Le manoir était une sorte de havre de paix/enfer, pour cette famille qu’elle avait construit au fur et à mesure. Elle était passé certes, du mauvais côté, mais elle avait toujours voulu la famille qu’elle n’avait pas pu avoir. Détruite à peine sa vie commençait. Pourtant, avec Tristan, cet idée de construire une petite armée lui avait plu, elle ne serait plus seule. Elle seule savait ce que son propre cœur cachait, enfin, elle et se télépathe qu’elle avait plaisir à appeler Ami.
Finalement, avec recul, elle avait suivi les préceptes de son village d’enfant, à l’exception que le mal avait pris logement dans ses entrailles. Elle restait néanmoins fidèle à elle-même, à ce qu’elle avait appris. Elle avait réussi à fidéliser ses « enfants », à ne pas leur nuire plus que de raison. C’était une famille. De démons, certes, mais une famille toute de même.
Ce qu’elle senti, avant que la voix ne fasse tout éclater la laissa sans voix. Elle discutait avec Lyssander, confortablement dans le canapé, quand une sensation qu’elle n’avait plus senti depuis des décennies la fit presque sursauter. Après autant d’années de vie, elle savait presque reconnaitre une personne à la sensation qu’il dégageait dans l’esprit de la belle brune. Quand la voix résonna, elle ne put que confirmer sa crainte. Elle se leva, rapidement, ayant compris plus rapidement que son ami de discussion qui était de retour. Elle s’avança, néanmoins, lentement vers Tristan. Elle ne savait pas comment réagir, elle-même face à ce retour impromptue, mais aussi, elle savait qu’elle devrait supporter les émotions des autres.
Comment expliquer ce qu’elle a ressenti lorsqu’il salua Lys et Sérafina, mais pas elle ? Il lui devait beaucoup de chose, s'était à elle qu'il aurait du se présenter et non devant tout le monde. Elle se sentait presque humiliée du peu d'égard qu'il avait à son encontre. Elle avait perçu la surprise de Tristan alors qu’elle se tenait proche de son « frère ». La satisfaction, aussi, de son retour ici, la joie de voir sa « fille ». Elle ressenti une espèce de colère grondait en elle. Et ce, pour plusieurs raisons. Avant que quiconque ne réponde à Tristan, elle commença à marcher vers lui. Le cliquetis de ses talons résonnait sur le sol. C’était à elle de répondre la première, c’était à elle de régler ses comptes d’abord. C'était elle la matriarche de cette famille qui venait de se fragiliser par le retour du démon de la peur.
- Tristan… Quel culot de revenir ici.Le ton était froid et glacial. Elle n’était en rien heureuse de le voir, elle savait, de source sure, qu’elle n’était pas la seule. Elle devait protéger sa famille, elle devait réagir avant que la verve de Tristan s’abatte sur ce qu’elle avait tenu à bout de bras pendant plus de 25 ans.
- Que nous vaut ta visite ? Si je ne m’abuse, le jour où tu es parti, sans un regard, sans un au revoir, tu as décidé de ta vie et de la nôtre. Elle croisa les bras sous sa poitrine, son regard toisant le sien. Elerinna se sentait bouillir de l’intérieur, mais ça n’était que sa propre colère. Elle sentait la puissance et tout ce que dégageait Tristan, quelque chose avait changé. Quelque chose avait changé entre ceux qu’elle tentait d’éloigner de Tristan. Ses maux de crâne n’allaient définitivement pas partir.